Fondée il y a plus d’un siècle à partir de l’observation d’adultes présentant des lésions cérébrales, la neuropsychologie est une discipline à la fois clinique, scientifique et cognitive qui traite des fonctions mentales supérieures dans leurs rapports avec les structures cérébrales (Hécaen, 1972).
Cette discipline au carrefour des neurosciences et de la psychologie cognitive a connu un développement spectaculaire ces trente dernières années grâce aux avancées révolutionnaires de l'imagerie cérébrale mais reste encore mal connue du grand public
Des lésions cérébrales dues à un traumatisme crânien, un accident vasculaire cérébral, une tumeur, une maladie neuro-dégénérative, une épilepsie… provoquent très fréquemment des perturbations dans les fonctions cognitives, émotionnelles, comportementales et/ou des troubles de la personnalité. Le neuropsychologue clinicien décrit et analyse les déficits présentés par un patient souffrant d’une lésion cérébrale, mais aussi les fonctions qui sont préservées, au moyen de tests le plus souvent standardisés. La neuropsychologie clinique s’intéresse ainsi à des troubles aussi variés que ceux qui touchent les systèmes de mémoire ou d’attention, le langage, les gestes, la vision, l’audition, les « fonctions exécutives » qui permettent la réalisation d’actions non routinières ou complexes, la motivation, l’écriture, la lecture, le calcul, la reconnaissance visuelle des objets ou des visages, la reconnaissance des parties de son corps ou de celui des autres, la conscience… en lien avec le dysfonctionnement cérébral.
Les pionniers de la neuropsychologie, psychologues ou médecins, en observant les patients victimes d'une blessure au cerveau, ont montré les liens entre l’altération de certaines fonctions mentales supérieures comme le langage, la mémoire ou les comportements et la localisation de l’atteinte cérébrale. Leur raisonnement est simple : si un patient atteint d’une lésion cérébrale ne parvient pas à effectuer une tâche alors que cette même tâche est accomplie aisément par une autre personne chez laquelle cette partie du cerveau est intacte, alors cette partie du cerveau est cruciale pour la tâche.
Puis est née dans les années 50-60 la psychologie cognitive influencée par l’apparition en même temps de l’ordinateur et de l’intelligence artificielle. Cette branche de la psychologie scientifique conçoit l’esprit humain comme un dispositif de traitement de l’information à l’instar d’un ordinateur. La psychologie cognitive s’interroge alors sur les mécanismes du fonctionnement mental en étudiant en laboratoire les processus mentaux d’acquisition, de traitement, de conservation, de récupération et d’utilisation des connaissances.
Plus récemment, et alors que la psychologie cognitive étudie le cerveau sain, la neuropsychologie cognitive cherche à comprendre les liens entre les processus intellectuels d'une part et leurs bases cérébrales de l'autre à partir de l’observation de patients présentant des lésions cérébrales. Ce qui intéresse le neuropsychologue cognitiviste ce n’est pas en tant que telle la condition pathologique, mais ce qu’elle apporte à la compréhension des conduites normales (Séron, 1993).
De tous ces travaux sont nés des modèles sur lesquels le neuropsychologue clinicien s’appuie pour décrire et analyser les déficits neuropsychologiques des patients cérébrolésés.
Les avancées révolutionnaires de l'imagerie cérébrale depuis les années 70, qui permettent aujourd’hui d’étudier le fonctionnement du cerveau sain pendant la réalisation de tâches cognitives, ont étoffé et confirmé les découvertes de la neuropsychologie.